Source : Paperjam Plus ICT Janvier 2019
Depuis quelques années, le Luxembourg multiplie les efforts pour se positionner en réelle nation digitale. Le chemin parcouru est considérable. Bien connecté, avec des infrastructures résilientes, des compétences ICT poussées, le pays dispose désormais de solides atouts. Mais il reste encore de nombreux défis à relever.
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« Cela y contribue, assure Georges Muller, directeur de l’opérateur alternatif cegecom. Les acteurs de l’ICT participent à la mise en œuvre de la vision définie au niveau de l’État et dans laquelle le pays s’est engagé. Toutefois, pour parler de digital nation, il faut considérer une multitude de composantes, pas uniquement l’activité économique en lien avec le digital. C’est la société dans son ensemble qui doit se transformer, les activités économiques traditionnelles mais aussi l’administration, la mobilité, la ville, pour répondre à de nouveaux enjeux. »
Comment le Luxembourg se positionne-t-il en tant que digital nation par rapport à ses voisins ? L’indice DESI, qui mesure la performance de l’économie et de la société numériques des pays de l’Union européenne, place le Luxembourg en 5e position des économies digitales les plus avancées, derrière le Danemark, la Suède, la Finlande et les Pays-Bas. Pour établir ce classement, la Commission prend en considération plusieurs aspects : la connectivité, les compétences digitales, l’utilisation des services numériques par les citoyens, l’intégration des technologies au niveau des entreprises, les services publics numériques, la recherche et le développement dans le domaine de l’ICT.
Si l’on va dans le détail, ce classement permet d’identifier les forces et points d’amélioration pour mieux positionner le Luxembourg en tant que Digital Nation. Le Grand-Duché excelle au niveau de la connectivité (le pays se classe en 2e position sur ce point), sur les compétences (5e, en régression), dans l’utilisation des services Internet (4e). Là où le bât blesse, c’est dans l’intégration des technologies numériques au niveau des entreprises (22e) et dans le déploiement d’une administration numérique (17e).
« Au niveau de la numérisation des services publics, il est évident qu’il y a encore du chemin à faire, constate Georges Muller. A l’image de l’Estonie, nous pourrions pousser la digitalisation de l’administration publique beaucoup plus loin, pour à la fois rendre l’administration plus efficiente et offrir de meilleurs services tant aux citoyens qu’aux entreprises. »
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Pour garantir le développement de Luxembourg en tant que digital nation, il faut encore se pencher sur la problématique des compétences. « Aujourd’hui, on peine à recruter des compétences dans le domaine de l’ICT, principalement des profils spécifiques, explique Georges Muller. Cependant, on peut féliciter la manière dont s’est transformée l’ADEM. Plus que de servir les demandeurs d’emploi, l’administration s’est aussi mise au service des entreprises, pour faciliter le recrutement, accompagner l’évolution des compétences. » A défaut de pouvoir former des compétences utiles en suffisance, Luxembourg devra trouver les moyens de toujours mieux les importer. D’autre part, pour le directeur de cegecom, on doit aussi faciliter l’émergence de nouveaux profils alliant compétences techniques et business, de voir des opportunités au-delà des contraintes. « GDPR, par exemple, constitue une démarche lourde pour les entreprises comme la nôtre, explique-t-il. Je reste toutefois persuadé que, avec des profils qui combinent compétences juridiques et IT, il est possible de mettre en œuvre de nouvelles procédures qui, en garantissant le respect de la réglementation, permettent d’accéder à des avantages compétitifs », explique-t-il.
Le défi en matière d’évolution des compétences, au cœur d’une société de plus en plus digitale, exige aussi de regarder à plus long terme. « Notre système scolaire est l’un des plus cher au monde et semble toujours peiner à former nos jeunes pour le futur, affirme Georges Muller. On sait aujourd’hui que l’automatisation et l’intelligence artificielle s’apprêtent à modifier la société en profondeur, à remplacer l’humain dans l’accomplissement de nombreuses tâches et procédures. La société se transforme, l’école doit pouvoir anticiper ces évolutions, à travers des programmes et des pratiques d’enseignement adaptés. Dans le monde de demain, plus que jamais, il faudra s’appuyer sur les aptitudes humaines, comme la créativité, l’innovation et l’empathie, que l’on doit entretenir dès le plus jeune âge. »
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